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Comment diminuer les contagions dans les lieux clos : écoles, collèges et lycées, entreprises et transports en commun ?

Texte mis à jour le 2021-04-15


Les connaissances actuelles sur la transmission du coronavirus par aérosols et postillons et les tests salivaires permettent de mettre en place des mesures efficaces pour se protéger du coronavirus et ne pas contaminer les autres.

Faire barrière au coronavirus : le masque et l’aération

Pour limiter la transmission du SARS-CoV-2, le virus de la COVID-19, il faut savoir que ce coronavirus se transmet principalement par des aérosols et gouttelettes (voir la question Le coronavirus SARS-CoV-2 se transmet-il par aérosols ?). Les aérosols sont des micro-gouttelettes contenant des particules de SARS-CoV-2 et elles sont produites lorsque l’on respire, parle, mange, chante, etc. En fonction de leur taille, ces micro-gouttelettes vont plus ou moins se disperser. Les gouttelettes qui ont un diamètre supérieur à 5 µm que l’on appelle les postillons, vont tomber sur le sol assez rapidement autour de la personne qui les a produites (1 ou 2 m autour de la personne). Les aérosols qui ont un diamètre inférieur à 5 µm peuvent rester en suspension dans l’air pendant des heures. Ils « flottent » dans l’air et peuvent se retrouver en quelques secondes à 5-6 mètres de la personne qui les a produits, un peu comme la fumée de cigarette. Pour éviter d’être contaminé par les aérosols viraux, il faut porter un masque bien ajusté (voir la question Pourquoi mettre un masque ?) qui va les filtrer. Un autre moyen de se protéger est de limiter la quantité d’aérosols viraux dans un lieu clos en aérant la pièce avec de l’air de l’extérieur (voir la question Quelles sont les précautions à prendre sur le lieu de travail pour limiter la transmission aérienne du virus ?).

En raison de cette transmission par des aérosols viraux, les lieux clos sont beaucoup plus à risques. Pour limiter la propagation du coronavirus, il faut ouvrir les fenêtres dans les salles de classes, les bureaux, les cantines mais aussi dans les transports en commun (métros, bus, RER, trams). Et il faut privilégier les rencontres à l’extérieur et ne pas manger avec ces camarades ou collègues dans des espaces mal ventilés.

Détecter les personnes infectées avant les symptômes : les tests salivaires

Pour limiter la transmission du coronavirus, l’autre point important à savoir est que l’on peut être contagieux sans avoir de symptômes. En moyenne, 50% des personnes ne vont pas avoir de symptômes, et donc ne jamais savoir qu’elles sont infectées. En revanche, même sans symptômes, elles peuvent être contagieuses et transmettre le coronavirus à d’autres personnes (voir la question Une personne sans symptômes peut-elle contaminer d’autres personnes ?). Et pour les 50% des personnes qui vont avoir des symptômes, elles sont contagieuses 2 à 3 jours avant l’apparition des symptômes, c’est-à-dire qu’elles vont commencer à pouvoir transmettre le coronavirus pendant 2 à 3 jours avant de faire un test.

Une solution pour détecter les personnes contagieuses, qu’elles aient ou non des symptômes, est de faire des tests de dépistage systématiques et fréquents : par exemple une fois par semaine chez tous les élèves d’une école ou d’un collège, ou chez tout le personnel d’une entreprise. Pour cela, il faut que les individus adhèrent au protocole et soient prêts à être testés fréquemment. Or les tests nasopharyngés sont désagréables et personne n’a envie d’en faire un toutes les semaines. En revanche, les tests salivaires ou les auto-prélèvements nasaux ne sont pas douloureux et peuvent facilement être réalisés par toutes les classes d’âge, même les plus jeunes (voir la question Quel prélèvement pour dépister la COVID-19 : nasopharyngé ou buccal ?).

Les méthodes de pooling permettent de diminuer les coûts de ces tests sans diminuer leur efficacité (voir la question Quelles approches pourraient permettre d’accélérer le dépistage à grande échelle ?). Des méthodes de pooling salivaires sont désormais utilisées en routine aux Etats-Unis, notamment dans l’État de New York. Pour freiner la circulation du coronavirus, les tests salivaires fréquents sont une solution efficace pour dépister les personnes infectées avant qu’elles ne contaminent d’autres personnes.


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Sources

Étude qui met en évidence la transmission par aérosols dans l'hôtel de mise en quarantaine des entrants en Nouvelle Zélande. Les tests PCR avaient lieu dans le couloir de l'hôtel, mal ventilé. Certains voyageurs ont été contaminés par les aérosols de personnes infectées qui stagnaient dans le couloir.

Eichler, N., Thornley, C., Swadi, T., Devine, T., McElnay, C., Sherwood, J., ... & Geoghegan, J. L. (2021). Transmission of Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2 during Border Quarantine and Air Travel, New Zealand (Aotearoa). Emerging Infectious Diseases, 27(5).

La transmission du SARS-CoV-2 peut avoir lieu sans symptômes.

Rasmussen, A. L., & Popescu, S. V. (2021). SARS-CoV-2 transmission without symptoms. Science, 371(6535), 1206-1207.

Article qui résume les données qui montrent que le SARS-CoV-2 se transmet via aérosols.

Lewis, D. (2021). COVID-19 rarely spreads through surfaces. So why are we still deep cleaning. Nature, 590(7844), 26-28.

Plusieurs personnes ont été contaminées suite à un trajet en bus de 1h40 alors que l’individu contagieux atteint de COVID-19 était à plus de 6 mètres.

Shen, Y., Li, C., Dong, H., Wang, Z., Martinez, L., Sun, Z., ... & Xu, G. (2020). Airborne transmission of COVID-19: epidemiologic evidence from two outbreak investigations.

Un enfant a été contaminé suite à un trajet en bus dans lequel voyageaient également deux personnes en provenance de Wuhan, qui se sont avérées atteintes de la COVID-19.

Jiehao, C., Jin, X., Daojiong, L., Zhi, Y., Lei, X., Zhenghai, Q., ... & Mei, Z. (2020). A case series of children with 2019 novel coronavirus infection: clinical and epidemiological features. Clinical Infectious Diseases, 71(6), 1547-1551.

Une étude détaillée de personnes qui ont voyagé en train entre le 19 décembre 2019 et le 6 mars 2020 en Chine, a révélé que 234 passagers ont probablement été contaminés dans le train. Dans au moins 13 cas, la contamination a eu lieu alors que l’individu contagieux était sorti du train. Ceux qui étaient dans la même rangée que l’individu contagieux ont eu 10 fois plus de risque d’attraper la COVID-19 que ceux placés une ou deux rangées plus loin.

Hu, M., Lin, H., Wang, J., Xu, C., Tatem, A. J., Meng, B., ... & Lai, S. (2020). The risk of COVID-19 transmission in train passengers: an epidemiological and modelling study. Clinical Infectious Diseases.

Une étude des 103 cas de contamination COVID-19 possiblement liés au travail en Asie jusqu'à avril 2020 montre que les professions les plus à risque d’attraper le coronavirus SARS-CoV-2 sont, après les personnels soignants, les chauffeurs de bus et de taxi et les travailleurs dans le secteur du transport.

Lan, F. Y., Wei, C. F., Hsu, Y. T., Christiani, D. C., & Kales, S. N. (2020). Work-related COVID-19 transmission in six Asian countries/areas: A follow-up study. PloS one, 15(5), e0233588.

Les données d’une enquête réalisée en juin 2020 auprès de 1030 individus qui ont eu la COVID-19 montrent que le risque d’avoir la COVID-19 est 4,3 plus élevée chez ceux qui prennent les transports en commun, 16 fois plus élevé chez ceux qui ont visité un lieu de culte.

Clipman, S. J., Wesolowski, A. P., Gibson, D. G., Agarwal, S., Lambrou, A. S., Kirk, G. D., ... & Solomon, S. S. (2020). Rapid real-time tracking of non-pharmaceutical interventions and their association SARS-CoV-2 positivity: The COVID-19 Pandemic Pulse Study. medRxiv.

Enquête réalisée en mars 2020 auprès d’individus qui ont eu la COVID-19 pour déterminer les situations les plus à risque. Parmi les 375 individus, 265 (73%) ne connaissaient pas le cas index (la personne atteinte de la COVID-19 qui les a contaminés). Les activités les plus fréquemment déclarées au cours des deux semaines précédant la maladie comprenaient la participation à des rassemblements de plus de 10 personnes (116 ; 44 %), les voyages à l'intérieur du pays (76 ; 29 %), le travail dans un établissement de soins de santé (75 ; 28 %), la visite d'un établissement de soins de santé sans être un travailleur de la santé (61 ; 23 %) et l'utilisation des transports publics (57 ; 22 %).

Marshall, K., Vahey, G. M., McDonald, E., Tate, J. E., Herlihy, R., Midgley, C. M., ... & Spillane, M. (2020). Exposures Before Issuance of Stay-at-Home Orders Among Persons with Laboratory-Confirmed COVID-19—Colorado, March 2020. Morbidity and Mortality Weekly Report, 69(26), 847.

Comment réduire la transmission du SARS-CoV-2.

Prather, K. A., Wang, C. C., & Schooley, R. T. (2020). Reducing transmission of SARS-CoV-2. Science, 368(6498), 1422-1424.

Etude de modélisation qui montre que l’aération d’une pièce combinée au port du masque par tous les individus dans la pièce peut réduire par 5 à 10 le risque d’infection.

Lelieveld, J., Helleis, F., Borrmann, S., Cheng, Y., Drewnick, F., Haug, G., ... & Pöschl, U. (2020). Model Calculations of Aerosol Transmission and Infection Risk of COVID-19 in Indoor Environments. International Journal of Environmental Research and Public Health, 17(21), 8114.

Les particules de SARS-CoV-2 peuvent rester stables dans des aérosols et potentiellement capables d’infecter des cellules humaines pendant 16h.

Fears, A. C., Klimstra, W. B., Duprex, P., Hartman, A., Weaver, S. C., Plante, K. S., ... & Roy, C. J. (2020). Persistence of severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 in aerosol suspensions. Emerging infectious diseases, 26(9), 2168.

Dans l'environnement proche des patients atteints de la COVID-19, 17 % de l'air prélevé contenait l'ARN du SARS-CoV-2, et le virus prélevé était viable dans 9 % des cultures.

Birgand, G., Peiffer-Smadja, N., Fournier, S., Kerneis, S., Lescure, F. X., & Lucet, J. C. (2020). Assessment of Air Contamination by SARS-CoV-2 in Hospital Settings. JAMA network open, 3(12), e2033232-e2033232éar

Revue de la littérature sur les contaminations au SARS-CoV-2 qui ont eu lieu à l’extérieur. Moins de 10% des contaminations se sont produites à l'extérieur. Le risque de transmission du SARS-CoV-2 à l'intérieur est presque 20 fois plus élevé qu’en extérieur.

Bulfone, T. C., Malekinejad, M., Rutherford, G. W., & Razani, N. (2020). Outdoor Transmission of SARS-CoV-2 and Other Respiratory Viruses, a Systematic Review. The Journal of infectious diseases.

Étude de modélisation qui évalue les effets d’une campagne de tests de dépistage massif en fonction de la sensibilité des tests (le taux de détection de l’infection parmi les individus infectés) et de l’adhésion au protocole de tests (le taux de personnes qui vont accepter de se faire tester). Les résultats sur les données françaises montrent que pour réduire le taux d’infection journalier, il est plus efficace d’augmenter l’adhésion au test avec des tests moins sensibles, qu’avoir des tests très sensibles qui n’ont pas l’adhésion de la population, et donc qu’une faible partie de la population seulement va passer. Un test sensible à 90% pratiqué auprès de 25 % de la population (à savoir 15 millions de personnes testés, sachant qu’en mars 2021, il y a environ 60 000 tests réalisés par semaine) permet de réduire de 7% le taux d’infection journalier, alors qu’un test sensible à 75% pratiqué auprès de 50 % de la population permet de réduire de 12% le taux d’infection journalier, et si c’est auprès de 75% de la population, le taux d’infection journalier est diminué de 17%.

Bosetti, P., Kiem, C. T., Yazdanpanah, Y., Fontanet, A., Lina, B., Colizza, V., & Cauchemez, S. (2021). Impact of mass testing during an epidemic rebound of SARS-CoV-2: a modelling study using the example of France. Eurosurveillance, 26(1), 2001978.

Etude relative à une stratégie de pooling pour la détection du SARS-Cov-2 dans des prélèvements salivaires appliquée à une population de 400 000 écoliers dans l’Etat de New York. L’étude révèle une contamination accrue au moment des fêtes d’Halloween et du Nouvel An.

Chongfeng Bi et al. bioRxiv Pooled Surveillance Testing Program for Asymptomatic SARS-CoV-2 Infections in K-12 Schools and Universities, bioRxiv (février 2021)

Pour aller plus loin

Dois-je porter un masque si je n’ai pas de symptômes ?

Pourquoi mettre un masque ?

Quelles sont les précautions à prendre sur le lieu de travail pour limiter la transmission aérienne du virus ?

Le coronavirus SARS-CoV-2 se transmet-il par aérosols ?

Quelles approches pourraient permettre d'accélérer le dépistage à grande échelle ?

Pourquoi mesurer le taux de CO2 peut-il nous aider à lutter contre la COVID-19 ?

Quel prélèvement pour dépister la COVID-19 : nasopharyngé ou buccal ?