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Comment accueillir quelques jours un invité en période de Covid-19 si on est vulnérable ?

Texte mis à jour le 2020-10-31


Accueillir quelqu’un chez soi et le loger pendant l’épidémie de Covid-19, c’est courir le risque de se contaminer, ou de contaminer son invité. On peut diminuer fortement ce risque en prenant quelques précautions, à doser en fonction de la fragilité des personnes. La prudence maximale consiste à ne pas se tenir dans la même pièce, à porter masque quand on se parle, à ne pas prendre de repas ensemble, et à disposer de toilettes séparées. Pendant le séjour, chacun fera spécialement attention à ne pas se contaminer à l’extérieur, pour ne pas contaminer son hôte.

C’est un peu risqué d’accueillir une personne chez soi (jeune fille au pair, amis, logement chez l’habitant, accueil de réfugiés, etc.) pendant l’épidémie de Covid-19, et de l’héberger plusieurs jours dans sa maison. On peut, à juste titre, craindre qu’elle nous contamine. Et si le coronavirus est présent chez nous à notre insu, c’est elle qui risque d’être contaminée.

Voici quelques précautions pratiques basées sur les connaissances scientifiques qui permettent de limiter le risque, sans l’annuler (c’est impossible) : ceux qui sont fragiles (âgés ou avec des facteurs de risque) les appliqueront avec plus de prudence et de rigueur.

Tout d’abord, si l’invité est malade (fièvre et toux évoquant la Covid-19), ou que l’on est soi-même malade, il est prudent d’annuler l’invitation. Si personne n’a de symptômes, la contamination est cependant possible : en effet, la moitié des porteurs de virus sont asymptomatiques, et c’est pendant les deux jours qui précèdent sa maladie qu’un malade est le plus contagieux. Voir la question Combien de temps une personne est-elle contagieuse ?

Ensuite, la contamination se fait surtout « en direct » par les postillons émis par l’un et reçus par l’autre, en face à face. Quand on se parle, il est donc prudent de garder le masque, ou de rester à grande distance (plus de 2 mètres). La contamination se fait aussi par l’aérosol émis en respirant (semblable à la fumée de cigarette d’un fumeur), et enfin plus rarement par les virus déposés par les postillons sur des objets, et récupérés par les mains puis portés au nez et aux yeux. Voir la question Comment la COVID-19 s’attrape-t-elle ?

Pour un repas partagé, on mettra une nappe en coton sur la table (elle se décontamine vite et est facile à laver), on se tiendra à distance (idéal à 2 mètres ou plus), et on évitera de parler fort ou vers le haut (ainsi, les projections tomberont dans sa propre assiette). L’idéal est de manger dehors, sinon il est bon d’aérer la pièce le plus possible pendant le repas (et de garder des habits chauds en mangeant). Si l’on se passe des objets (plats, couverts), on peut les saisir avec une serviette en papier, ou se décontaminer les mains après.

Jusqu’à présent, aucune contamination par un aliment n’a été publiée : il est donc probable que ce n’est pas une voie importante. Cependant, celui qui prépare et sert le repas se lavera soigneusement les mains avant et pendant la préparation, et c’est mieux qu’il porte un masque, comme on fait dans les cuisines collectives. La vaisselle à l’eau chaude et avec un détergent, ou en machine, élimine bien le virus. Voir la question Comment organiser un repas chez soi sans risque pour les convives ?

On laissera à l’invité un verre et quelques couverts, qu’il n’aura pas besoin de laver à fond chaque fois qu’il s’en sert.

Enfin chacun fera attention de ne pas se contaminer à l’extérieur, et c’est un point qui doit être expliqué à l’invité pour l’inciter à garder son masque et ses distances quand il sort, même s’il rencontre des amis : s’il se contamine, il met en danger la vie de ses hôtes !


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Sources

À Shenzen, le pourcentage de contacts familiaux (ceux qui partagent une chambre, un appartement ou un autre type de couchage) dont l'infection par le coronavirus SARS-CoV-2 a été confirmée ultérieurement, a été estimé à 15%.

Bi, Q., Wu, Y., Mei, S., Ye, C., Zou, X., Zhang, Z., … Feng, T. (2020). Epidemiology and transmission of COVID-19 in 391 cases and 1286 of their close contacts in Shenzhen, China: a retrospective cohort study. The Lancet. Infectious diseases, S1473-3099(20)30287-5.

A Wuhan, l’analyse des contacts étroits de cas de COVID-19 révèle un taux de contamination d’environ 30% au sein de la famille au début de l'épidémie.

Wang Z, Ma W, Zheng X, Wu G, Zhang R (2020). Household transmission of SARS-CoV-2. J Infect. 81:179-182.

Plusieurs cas de COVID-19 en janvier-février 2020 en Corée du Sud sont dus à des contaminations suite à un repas en famille ou au restaurant/café.

Kong, I., Park, Y., Woo, Y., Lee, J., Cha, J., Choi, J., ... & Kim, T. (2020). Early epidemiological and clinical characteristics of 28 cases of coronavirus disease in South Korea. Osong Public Health Res Perspect, 11(1), 8-14.

Plusieurs personnes de la même famille ont été contaminées suite à deux dîners en famille.

Ye, F., Xu, S., Rong, Z., Xu, R., Liu, X., Deng, P., ... & Xu, X. (2020). Delivery of infection from asymptomatic carriers of COVID-19 in a familial cluster. Int. J. Infect. Dis.

Plusieurs cas de contamination à des repas en famille en Chine.

Liu, Y., Eggo, R. M., & Kucharski, A. J. (2020). Secondary attack rate and superspreading events for SARS-CoV-2. The Lancet, 395(10227), e47.

Le coronavirus est présent dans les selles de patients COVID-19.

Wu, Y., Guo, C., Tang, L., Hong, Z., Zhou, J., Dong, X., ... & Kuang, L. (2020). Prolonged presence of SARS-CoV-2 viral RNA in faecal samples. The Lancet Gastroenterology & Hepatology, 5(5), 434-435.

Lors de l’épidémie de SARS en 2003 (il ne s’agit PAS du Covid-19), 99 personnes vivant dans le même immeuble ont été contaminées à partir d’une personne infectée qui avait la diarrhée. L’étude montre que la chasse d’eau a provoqué l’aérosolisation des particules virales des selles de la personne infectée. Ces particules se sont alors répandues par la ventilation dans les appartements des étages supérieurs.

Yu, I. T., Li, Y., Wong, T. W., Tam, W., Chan, A. T., Lee, J. H., ... & Ho, T. (2004). Evidence of airborne transmission of the severe acute respiratory syndrome virus. New England Journal of Medicine, 350(17), 1731-1739.

Même après avoir tiré la chasse d’eau plusieurs fois, une partie des particules virales sont encore présentes dans l’eau de la cuvette. De plus, lorsque l’on tire la chasse d’eau, de nombreuses gouttelettes contenant des bactéries et des particules virales se forment et peuvent se retrouver à plus d’un mètre de la cuvette des toilettes.

Gerba, C. P., Wallis, C., & Melnick, J. L. (1975). Microbiological hazards of household toilets: droplet production and the fate of residual organisms. Appl. Environ. Microbiol., 30(2), 229-237.

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